Le saviez-vous ?
« Sympathie » et « compassion » sont synonymes. À première vue, la sympathie désigne un sentiment positif (et réciproque, c’est mieux) d’attachement envers une personne, une relation de connivence. On a de la sympathie pour ses amis bien entendu, mais également pour ses collègues de travail (parfois ; souvent est une belle prouesse ; toujours relève du miracle et vous êtes alors béni(e) des dieux !), pour ses voisins (j’ai dit une bêtise ?), et pour toutes les personnes que l’on fréquente au quotidien. La compassion désigne un sentiment plus chargé émotionnellement. Elle a un caractère négatif dans la mesure où elle est liée à la douleur, à l’échec (perte d’emploi par exemple : faillite, licenciement etc.), à la maladie, à la perte physique (le décès d’un proche) ou symbolique (le décès d’une figure intellectuelle ou morale qui vous a inspiré, initié, et nourri). Mais l’étymologie vient éclairer d’un jour nouveau les mots les plus habituels dont le sens est si ancré qu’il nous fait perdre de vue la richesse première de ceux-ci. « Compassion » vient du latin. Il est construit sur le verbe « patior » qui signifie « souffrir », « endurer », « supporter », auquel on adjoint le préfixe « cum », qui signifie « avec ». Compatir, c’est donc « souffrir avec », c’est avoir la capacité de s’identifier à l’autre, d’éprouver ce qu’il éprouve. Le mot « sympathie » vient lui du grec. Dans « sumpatheia », il y a le préfixe « sun » qui est l’équivalent du « cum » latin, et « patheia » qui signifie « passion », « ce que l’on éprouve », lié au mot « pathos » (qui signifie souffrance, passion, douleur, d’où pathologie). C’est donc au sens premier... (vous me voyez venir ?) « souffrir avec » ! Ainsi, il n’est absolument pas incongru d’exprimer sa sympathie à une personne affectée par le décès d’un proche. « Je pense bien à toi et veux t’exprimer toute ma sympathie dans ce moment douloureux etc. » En revanche, il serait tout à fait incongru d’exprimer votre « compassion » à une personne à qui vous voudriez signifier ainsi que vous l’appréciez, qu’elle est cool, bref, que vous la kiffez à mort. En résumé, on est plein de sympathie et de compassion pour celui qui est dans la mouise, et seulement de sympathie pour ceux avec qui vous vous gondolez et aimez faire la faridon (sauf s’ils sont dans la mouise). Concrètement, vous pouvez dire à un ami avec lequel vous enchaînez les demis : « T’es cool, mec, t’es vraiment super sympa ! » En revanche, il serait tout à fait saugrenu de lui dire, dans les mêmes circonstances : « Ce que j’aime avec toi, c’est que c’est la grosse poilade permanente, ouais je compatis, mon pote, t’es vraiment cool ! » Si vous avez apprécié mon petit baratin, j’accepterai avec enthousiasme vos marques de sympathie. Dans le cas contraire, et si vous jugez mon cas désespéré, peut-être aurai-je, malgré tout, droit à votre compassion. Ou votre sympathie !
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