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Billets littéraires

Le président et la langue françoise

12/21/2022

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AMIS ET COLLÈGUES CORRECTEURS ET CORRECTRICES !

Il semblerait que les correcteurs et correctrices que nous sommes pourraient exercer leurs compétences à l’oral. Voici Monsieur Emmanuel Macron, président de la France, et par conséquent locuteur de notre belle langue françoise, tel qu’il s’exprima, dans les vestiaires de notre glorieuse équipe nationale de football à la suite du match de finale, hier soir :
 
« Merci à CELLES ET CEUX qui vont peut-être arrêter le maillot après ce match. »
 
Notre travail consisterait à dire :
« Stop ! Manu ! Reformule en essayant de coller au réel ! Allez ! »
 
On pourrait également faire quelque annotation (orale) en activant le mode "Révision - Suivi des modifications", et en glissant un commentaire au choix :
 
Arrête de faire de l’idéologie, mec ! Tu sens pas comme ça sent le poney là-dedans !
Arrête de vouloir complaire à ces dames, y’en a pas par ici !
C’est une équipe LGBTQIJKLMNOPQRSTUVWXYZ, l’équipe de France ?
Tu as pris quelque chose avant de venir ?
Y vendent de l’alcool au Qatar ?
 
Pour les plus pointilleux, l’intégralité des propositions est évidemment possible et à votre discrétion.

#correcteur #correction #lecteurcorrecteur #languefrançaise


Emmanuel Macron on Twitter
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Hébreu (2) : La Bible samaritaine

12/2/2022

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« Mais c’est ENCORE de l’hébreu, ton truc ! » (2)
 
Précisément. Ce manuscrit est le plus vieux de ce type. Il date du début du XIIe siècle et est conservé à la bibliothèque de l’université de Cambridge.
Il est écrit avec l’alphabet paléo-hébraïque.
L’alphabet fut inventé au XIXe siècle av. J-C et évolua durant le 2e millénaire.
À partir de la domination perse au VIe siècle (av. J-C), l’écriture paléo-hébraïque commença à être remplacée par l’écriture araméenne pour écrire l’hébreu et aboutit à l’hébreu dit « carré », visible sur les manuscrits de la mer Morte et tous les documents postérieurs (Codex d’Alep pour ceux qui me suivent) jusqu’à nos jours.
Cet alphabet paléo-hébraïque est une forme standardisée (à partir d’environ 1000 avant J-C, à l’époque du royaume d’Israël unifié puis des royaumes d’Israël et de Juda) de l’alphabet initial.
Ce manuscrit est un extrait de la Torah (Pentateuque) samaritaine.
Mais pourquoi samaritaine ?
Parce qu’elle diffère en de nombreux points de la Torah juive (6 000 occurrences).
Parce qu’elle est écrite avec cet alphabet.
Parce qu’elle est spécifique à cette communauté (800 âmes !).
Les Samaritains conservent cet alphabet pour la transmission de la Torah, et de ce fait, perpétuent son apprentissage au sein de leur communauté. Vous observerez que le texte n’est pas vocalisé (les niqqoudot ou signes diacritiques y sont absents ; cf. mon précédent post « Hébreu »), puisqu’il s’agit d’un livre liturgique à lire pendant l’office.
 
Longtemps, on a cru que les Samaritains avaient ressuscité cet alphabet ancien, à l’époque byzantine, pour transmettre leur Torah, et que cette dernière était donc trafiquée, falsifiée.
– Or, certains manuscrits de la mer Morte sont très proches de la Torah samaritaine.
« La découverte des manuscrits de la mer Morte a montré qu’il existait des manuscrits en hébreu qui concordaient avec la version des Samaritains. […] Jusque-là, quand il y avait des différences (entre les versions), on pensait que le traducteur s’était trompé ou qu’il avait pris des libertés avec le texte, ou encore qu’il avait voulu l’actualiser pour qu’il soit plus acceptable pour ses contemporains. Mais lorsque l’on constate qu’à la même époque, au même endroit, on a […] plusieurs versions en hébreu, cela montre bien que l’on est face à une tradition vivante dans laquelle le texte n’est pas encore fixé. Le scribe n’est pas seulement un copiste, c’est aussi un rédacteur […] cela remet en question le caractère figé que l’on prête souvent aux textes sacrés. » (Chroniques de la BnF n° 53, 2010)
 
– Mieux : il y a environ 1 600 passages où le texte samaritain concorde avec la Septante et non avec la Torah juive, la Septante étant une traduction en grec de la Bible hébraïque, rédigée vers 270 avant J-C. Ceci semble indiquer que la version samaritaine du Pentateuque est très proche du document source à l’origine de la traduction de la Septante.
 
#correcteur #correction #lecteurcorrecteur #histoire #bible #judaïsme
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Les infernaux pronominaux !

11/25/2022

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VOUS ÊTES-VOUS DÉJÀ PENCHÉ(E)S SUR LE PARTICIPE PASSÉ DES VERBES PRONOMINAUX ? (1)
 
Chacun d’entre nous a connu cette terrifiante expérience du face à face avec un participe passé précédé du fichu « se », et plus généralement des pronoms personnels « me, te, nous, vous »…
😨 😰 😱
COMMENT ACCORDE-T-ON ? Avec quoi ? qui ? comment ? où ? pour quoi faire ? t’es sûr ? c’est obligé ? on comprend quand même, non ?
 
Le moment de l’inspection venu, munis de notre face-à-main, fébriles, rêvant de tout sauf d’être là et dans cette phrase à glu, nous nous sommes tous imaginés qu’à cet instant le petit dernier nous presse de venir jouer au ballon, que la grande sœur nous présente ses devoirs à vérifier, que le voisin sonne pour nous rappeler de bien penser à tailler la haie ce week-end, ou bien encore que la belle-doche nous appelle inopinément, si si ! « Belle-maman, un p’tit coup de fil, quoi ! », s’est-on parfois entendu crier en notre for intérieur (uniquement intérieur cependant).
En réalité, nous nous sommes alarmés pour peu de chose.
Voici.
Il existe trois catégories de verbes pronominaux :
Les verbes ESSENTIELLEMENT pronominaux.
Les verbes ACCIDENTELLEMENT pronominaux.
Les verbes pronominaux AUTONOMES (vous vous êtes peut-être déjà trouvés face à la dénomination pronominal PAR GALLICISME ? Elle désigne la même chose).
 
Les premiers sont faciles à identifier.
Ils se sont ingéniés à se rendre visibles et reconnaissables au premier coup d’œil. Chère communauté linkedInienne, vous est-il déjà venu à l’idée de dire ou d’écrire sans pouffer :
Elle a morfondu, elles ont enfui, ils sont chamaillés, vous avez lamenté, elles sont poilées, j’ai souvenu ? Un footballeur, à la rigueur, ou un journaliste, certainement ; mais les honnêtes gens, ça n’est pas possible.
Poursuivons.
Donc, ils se sont depuis toujours empressés de revêtir une forme qui voit le « se » en être un constituant inséparable (au point de n’exister qu’avec celui-ci), et par leur accord systématique AVEC LE SUJET. Vous ne vous êtes pas évanouis jusque là ? Non ? Eh bien vous voyez, c’est simple !
Deux exceptions se sont immiscées dans cette liste de verbes :
S’arroger. Cette exception s’est toujours acharnée à réclamer un COD. Soit : un, des droits, un, des pouvoirs. Donc accord COD.
Et s’entre-nuire, exception qui s’est elle-même abstenue de toute résistance à l’analyse : ils entre-nuisent À QUI ? COI donc invariable. Simple, non ?
 
Résumons avec quelques exemples significatifs :
Vous êtes-vous vraiment tant démenés pour lui faire comprendre l’accord des verbes pronominaux ?
Ivres de joie, ils se sont pâmés à la lecture de ce post.
Désespérée, elle s’est avachie devant son ordinateur dès les premières lignes.
Ne se seraient-elles pas suicidées à cause des odieux verbes pronominaux ?
 
La suite bientôt. Quand ma fainéantise se sera esbignée !
 
#languefrançaise #conjugaison #correction #relecture #lecteurcorrecteur #édition #bescherelle #girodet
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Larbaud est allé voir Labé

11/18/2022

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LES MOTS DU PASSÉ (3)
 
SOUVENEZ-VOUS DU TEMPS DE NOTRE PRIME RENCONTRE, CHER RÉSEAU !
 
Dans mon premier billet, LES MOTS DU PASSÉ, le mot « issir », découvert fortuitement sur l’internet, m’avait amené jusqu’à Valery Larbaud (1881-1957). Je repars de ce dernier car une nouvelle découverte larbaldienne bien autrement déroutante m’attendait.
Je vous cite le passage, situé dans la dédicace « À M. Tournier de Zamble », placée en préambule du poème Europe :
 
Encore un poëme, cher Monsieur
Xavier-Maxence pour les dames ;
Un poëme à la suite de ceux
Esquels je distillai mes âmes,
Car aussi bien j’en ai plusieurs.
 
Esquels ! Par le chien ! Que voilà un bien curieux attelage ! Totalement suranné, il a un parfum délicieusement désuet et inactuel, que redouble encore l’orthographe du mot poëme, déjà caduque au moment où paraît ce recueil (1908).
 
Or, tout dernièrement, m’étant trouvé emporté par la lecture de dame Louise Labé (1524-1566), je tombai à nouveau en arrêt sur cette dragée. Écoutons plutôt :
 
… lors que tu me voyois travailler pour sauver mon fils Enee de l’impetuosité des vents, vagues, et autres dangers, esquels il fut tant au siege de Troye […]. (Débat de Folie et d’Amour, Discours III, 1555)
 
Halte aux récriminations des gardes champêtres de l’orthographe ! Elle est en règle (avec celles de l’époque).
Revenons à notre petite sucrerie.
Un peu de logique m’a permis de décortiquer cette cabosse linguistique et d’en mettre au jour le sens.
Elle est la jonction de la préposition « ès », contraction de « en les » (comme dans maîtrise ès lettres, doctorat ès sciences, ou bien, plus pittoresque, et dans un élan de chauvinisme régional, dans le nom de la localité Val ès dunes), et du pronom « quels ». D’où : « en lesquels ».
Les vers de Valery deviennent alors plus limpides (et ceux de Louise moins ardus…), n’est-ce pas ?
 
Le point commun de ces deux poètes ? Inexistant !
 
Dans le premier cas, nous avons affaire à un poète coincé entre la période symboliste née avec la révolution rimbaldienne (avec Mallarmé comme tête de pont) et l’avènement du surréalisme. Grand voyageur et polyglotte, Larbaud sut créer une poésie ondulante, mouvante, à l’image des sensations ressenties par le voyageur en train. Libérée et parfois audacieuse (Cf. Borborygmes !), sa poésie traduit la variété des nations et des paysages, et se donne en condensé dans le titre d’un de ses chefs-d’œuvre : Chant de la variété visible.
 
Avec Louise, nous avons affaire à une poétesse hors norme à plus d’un titre : bourgeoise, elle sut s’imposer comme un écrivain novateur dans les milieux très fermés de l’aristocratie lyonnaise ; femme, on la vit participer à des tournois, en compagnie de son frère, écuyer et maître d’armes comme elle ! Féministe avant l’heure, elle invite, dans ses œuvres, à l’émancipation des femmes, et n’hésite pas à mettre en avant la sensualité et l’ardeur de l’amour charnel.

#vocabulaire #orthographe #languefrançaise #littérature #édition #relecture #correction
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Beckett/Genevoix : la rencontre

11/10/2022

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LES MOTS DU PASSÉ (2)
 
TU NE LA RAMÈNES PAS UN PEU TROP SOUVENTEFOIS, AVEC TES MOTS D’ANTAN ? ET TU N’AS RIEN DE MIEUX À FAIRE ?
 
« Je ne suis peut-être pas un baladin pur sang, mais je vaux mieux que rien. Ma supériorité à rien a souventes fois été relevée » (Samuel Beckett, Murphy, 1947, p. 158).
 
Connaissiez-vous ce mot ? Moi non.
 
De nos jours tombé en désuétude, cet adverbe est repéré en 1050 (!) dans La Vie de saint Alexis, sous la forme « soventes feiz », mais également chez Chrétien de Troyes (« soventes fois »), nous fait savoir le Dictionnaire étymologique et historique du français de Larousse (édition de 1998).
Le Robert le mentionne en précisant qu’il est « vieux ou régional », bref, c’est pour les ploucs, quoi, circulez !
Il est présent dans la 8e édition (1932-1935) du Dictionnaire de l’Académie française sous la forme « souventefois », lequel dictionnaire précise, avec une outrecuidance qui confine au grotesque : « Il est vieux » ! L’Académie qualifiant un mot de « vieux », c’est le Maroilles qui dit au Livarot : « Tu pues du cul ! », non ? Protestons de concert contre ce qu’il convient de qualifier d’odieux dérapage gérontophobe.
Passons.
 
Dans un tout autre style, deux décennies avant Beckett, on le rencontre dans le roman Raboliot (1925) de Maurice Genevoix :
« — M’est avis, affirma-t-il, qu’elle n’aura plus souventes fois à le suivre ! » (p. 73 dans l’édition du Livre Poche de 1969). (J’espère quant à moi que vous me suivissiez 😉 souventes fois !)
 
Le point commun de ces deux romans ? Inexistant !
 
Dans le premier cas, il s’agit d’un roman de style et de facture classiques, contant les péripéties d’un braconnier, avec des personnages épais et aux contours bien définis, des caractères affirmés que redouble la dimension rurale, rustique et provinciale de l’histoire. La narration y est précise, sans effets, chronologique mais avec des aléas et des rebonds qui lui donnent toute sa dynamique.
 
Avec Beckett, nous avons affaire à un roman d’une tout autre nature que celle de Raboliot : totalement burlesque, drôle, empreint d’une grande fantaisie narrative, aux personnages bringuebalants et zigzagants tout autant que l’histoire elle-même, il annonce la bifurcation romanesque qui allait s’opérer dans l’histoire littéraire française avec le Nouveau roman. Écrit en anglais en 1935, Beckett en fit lui-même la traduction (!) en 1939.
 
#vocabulaire #orthographe #languefrançaise #littérature #edition #relecture #correction
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RÉhabilitons-les !

10/28/2022

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RÉHABILITONS L’IMPARFAIT DU SUBJONCTIF ! ET LE PLUS-QUE-PARFAIT TANT QU’ON Y EST !
 
Je voudrais que les subjonctifs imparfait et plus-que-parfait fussent réhabilités. Chacun de vous n’a-t-il pas déjà observé que la lecture d'un texte en devient plus savoureuse, que les rapports humains en sont comme adoucis, polis par leur emploi, pourvu que celui-ci soit sans excès, dussé-je verser dans le « faites ce que je dis, pas ce que je fais » en énonçant ce principe ?
Plus encore, si nul ne doute que la langue françoise eût malgré tout acquis sa noblesse et sa réputation sans ces précieux atours, observons qu’elle prend une saveur unique lorsqu’elle sollicite leur présence.
Alors Mesdames, Messieurs, n’hésitez plus à promouvoir ce joli mode et ouvrez votre Bescherelle !
Mais avant, quelques repères dont il eût été (imparfait du subjonctif, croyez-vous ?) dommage de faire l’économie.
 
Nos temps bénis, imparfait et plus-que-parfait du subjonctif, s’emploient, dans le cadre de la concordance des temps, après la totalité des temps et des modes.
Nos temps bénis, imparfait et plus-que-parfait du subjonctif, s’emploient également à toutes les personnes et bénéficient de la visite de chacune d’entre elles, pour qu’ainsi ils se sentissent moins seuls. Mais hélas ! l’usage restreint leurs pratiques collectives aux seuls verbes avoir et être.
Les autres verbes, de commerce moins agréable, ne tolèrent que la compagnie de Madame ou de Monsieur (et bientôt iel, ielle, iele, et tutti quanti, ou qui vous voudrez, cela fait du monde !).
 
Pour plus de concision et de clarté, voici quelques exemples, en guise de mémento :
— Au présent :
Il déplore qu’un écrivain français ne remportât point (n’eût pas remporté) le Prix Nobel (antériorité de la subordonnée = imparfait ou plus-que-parfait).
 
— Au passé :
Les honnêtes gens doutaient qu’elle eût écrit pareilles fadaises (antériorité = plus-que-parfait)
Il redoutait qu’ils lui reprochassent d’écrire de grosses âneries (simultanéité = imparfait).
Quand il publiait un message, la communauté entière redoutait qu’il devînt viral immédiatement (postériorité = imparfait).
 
— Au futur :
Nul ne croira que l’on commît (eût commis) ce genre d’écrits (antériorité = imparfait ou plus-que-parfait).
 
— Au conditionnel (présent, passé 1re et 2e formes) :
Je douterais qu’il en eût été ainsi, si la presse ne l’avait claironné (antériorité = plus-que-parfait).
Pour lire ce post jusqu’au bout, il faudrait qu’il y fût contraint ! (simultanéité = imparfait).
Il eût tant désiré qu’un écrivain français remportât le Prix Nobel (postériorité = imparfait).
 
Mme Line Quédine me signale la fin de la récréation… J’aurais voulu qu’elle m’octroyât plus de signes pour que nous devisassions tout à notre aise ! Soit, qu’il en soit ainsi, mes abonnés dussent-ils en pâtir !
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rimbaud

10/20/2022

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Amis de la poésie, bonsoir !
 
S’il est un écrivain à qui je dois ma passion pour la littérature, s’il est un écrivain initiatique, s’il est un écrivain qui CHANGEA MA VIE (lui qui voulait LA changer tout court), s’il est un écrivain dont 30 années après sa découverte, l’impact sur moi est resté « intact » 😉, s’il est un écrivain qui, avec une obstination têtue (à l’image de ce qu’il fut lui-même), a contribué à l’explosion du langage dont il fut même l’initiateur dans l’histoire littéraire, s’il est un poète hors norme dans sa volonté de faire coïncider le langage avec le réel (nostalgie édénique), c’est bien
 
ARTHUR RIMBAUD.
 
Nous fêtions aujourd’hui l’anniversaire de sa naissance, le 20 octobre 1854.
 
En guise d’hommage, ce texte, « Bottom », de mémoire, et pardon pour les éventuelles erreurs.
 
« La réalité étant trop épineuse pour mon grand caractère, je me trouvais néanmoins chez ma dame, en gros oiseau gris s’essorant vers les moulures du plafond et traînant l’aile dans les ombres de la soirée.
Je fus, aux pieds du baldaquin supportant ses chefs-d’œuvre physiques et ses bijoux adorés, un gros ours aux gencives violettes et au poil chenu de chagrin, les yeux aux cristaux et aux argents des consoles. Tout se fit ombre et aquarium ardent.
Au petit matin — aube de juin batailleuse ! — je courus aux champs, âne, claironnant et brandissant mon grief, jusqu’à ce que les Sabines de la banlieue vinrent se jeter à mon poitrail ! »
 
En supplément, issus de ma collection personnelle, deux clichés pris lors de ma visite, à Harar en 1883.
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Hébreu (1) : Bible et correction - Les massorÈtes

10/18/2022

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« Mais c’est de l’hébreu, ton truc ! »
 
Précisément. Voici le Codex d’Alep, le plus vieux manuscrit de la Bible hébraïque. Lors du pogrome qui eut lieu en 1947 dans cette même ville, la synagogue fut brûlée. Endommagé, le précieux manuscrit fut miraculeusement sauvé, mais amputé : sur 487 folios que comportait l’original, il ne reste que 294… Caché par des Juifs d’Alep durant une dizaine d’années, il fut envoyé en Israël en 1958, où il est conservé au sein du Musée d’Israël à Jérusalem. Depuis 2016, il est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
 
Il constitue en quelque sorte LE document source de la Bible vocalisée car réputé le plus fiable, donc sans équivoque concernant le sens et la lecture. Rédigé entre 910-930 à Tibériade, il est l’œuvre de lettrés nommés massorètes (la massorah ou transmission de la tradition), lesquels « fixèrent » le texte pour préserver son exactitude et son intégrité. Étant incomplet, c’est le Codex de Leningrad, rédigé sur la base de celui-ci, qui est le manuscrit à partir duquel furent établies les éditions et les traductions modernes de la Bible, et ce jusqu’à nos jours.
 
Quel rapport avec la relecture et la correction ?
 
Les textes bibliques étant à l’origine écrits sous forme d’une suite continue de lettres, sans interruption entre les mots (ce que l’on peut observer sur les manuscrits de la mer Morte), les massorètes les divisèrent en phrases et en mots, et établirent la disposition des versets.
L’hébreu est une langue consonantique, ce qui pouvait engendrer une grande confusion lors de la lecture et partant, dans la compréhension même des versets. En effet, imaginons un instant, en français, les lettres p r t sans voyelles. Comment savoir s’il faut lire porte ou prêt, prêta, partie, parti, porto, perte, partons, portant, etc. ? Les massorètes créèrent donc tout un ensemble de signes destinés à faciliter la lecture et à éviter les contresens : les signes diacritiques (ou nikkudot en hébreu), c’est-à-dire les points voyelles.
Mais ces grands érudits ne s’arrêtèrent pas là. Ce système complexe et obéissant à des règles précises comprend, outre ces signes vocaliques, des signes de cantillation (eux aussi glissés sous les mots !) indiquant la ligne mélodique à respecter lors de la récitation publique, sans compter les notes au-dessus, au-dessous et en marge du texte !
 
Les massorètes, nos pères exigeants et vétilleux.
 
Chers collègues et ami(e)s correctrices et correcteurs, imaginons un instant un client déposant sur notre bureau l’équivalent des 3 premiers volumes de La Recherche (grosso modo l’équivalent de la Bible hébraïque), écrits en un seul volume et en une suite continue de lettres, sans ponctuation, sans majuscules, sans blancs, sans chapitres, sans titres
(« longtempsjemesuiscouchedebonneheureparfoisapeinemabougieeteintemesyeuxsefermaientsivitequejenavaispasletempsdemedirejemendors »).
« Euh… c’est quoi le délai ? »
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Arnaux Ennie

10/6/2022

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Annie Ernaux, écrits vains.
Annie Ernaux, écrivaine, ment.
Annie Ernaux écrit vainement.
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les mots du passÉ

8/10/2022

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Nous faisons tous, régulièrement, cette expérience qui consiste à rencontrer un mot, lors d’une conversation, d’une lecture, à la radio, etc., alors même que la découverte du mot en question fut faite, de manière tout aussi hasardeuse, quelques semaines voire quelques jours plus tôt, comme si une mécanique invisible s’était dès lors mise en branle pour nous amener de nouveau sur le chemin de notre récente découverte, comme s’il s’agissait d’un rappel de la Providence destiné à éviter que nous oubliions cette nouveauté : « Tu n’as pas oublié ce mot, hein ? Tiens, je te le redonne ! Tu ne l’oublieras pas ! »
« Or, tout dernièrement m’étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! »😉, je veux dire de fermer un livre, je tombai en arrêt sur cette pépite : « issir ». Je cite : « Faire issir des yeux, fendre des bouches, ouvrir des ventres*. » Mais que peut bien signifier ce mot très très étrange, je vous prie ?
J’en avais fait la découverte peu de temps auparavant, au gré de mes badins mais néanmoins sérieux furetages sur l’Internet. Il s’agit d’un verbe défectif, c’est-à-dire que certaines formes en sont totalement inusitées, à ce point que s’agissant de notre petite merveille, nous n’en utilisons que la seule forme que l’usage ait conservée : le participe passé.
Et ce participe… Le voici : « Issu » ! Sans oublier, pour ménager toutes les susceptibilités contemporaines, sa forme féminine « issue ». Ce mot que nous employons chaque jour dans les contextes les plus divers : « Ève est issue d’une côte d’Adam » (j’ai dit une connerie ?), « Je suis issu d’une grande lignée de joueurs d’osselets », « Sardine Ruisseau est à n’en point douter issue de la cuisse de Jupiter », etc., est issu du verbe « issir ».
Dorénavant, chers congénères masculins, vous pourrez rendre infiniment plus noble une activité à nous généralement dévolue, par ces mots : « Ma douce amie, je vais issir les poubelles ».
Bien, hormis faire le malin auprès de vous en partageant** le fruit de mes découvertes linguistiques, j’ai un métier.
Vous voulez rendre vos écrits, quels qu’ils soient, conformes aux règles d’orthographe, de conjugaison, de grammaire et de syntaxe de notre belle langue françoise ; les parfaire en leur donnant tout leur lustre par une ponctuation adaptée et une typographique orthodoxe*** ?
Pour toute demande de renseignements et de devis, c’est par ici :
👇
https://www.linkedin.com/in/gwenaël-pillevesse-2852b617b/
ou là :
👇
gwenaelpillevesse.correcteur@free.fr
 
* Valery Larbaud, Les Poésies de A. O. Barnabooth, Paris, Poésie/Gallimard, 1966, p. 111.
** Et non « en vous partageant », crénom ! Y a-t-il un modérateur pour faire cesser cet horrible travers à la mode, qui se répand comme la peste ! « Partager » est TRANSITIF DIRECT, jamais indirect. On ne partage pas À VOUS, mais AVEC vous. Qui a lancé cette abomination ? Qu’il se dénonce !
*** Mais qui a lancé cette autre mode infecte qui voit les « ? », « ! », « ; » et autres « : » collés au mot qui précède, comme les Anglo-Saxons ! Pourquoi imiter c qui font du moche, moche, moche ?
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